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Mick Peter à Chamarande

par Raphael Brunel

 

Mick PETER Statues for Trophies Square (thinking / reclining), 2009  Vue d’exposition Domaine Départemental de Chamarande, 2009 Courtesy of the artist & Galerie Crèvecoeur, Paris

Mick PETER Statues for Trophies Square (thinking / reclining), 2009 Vue d’exposition Domaine Départemental de Chamarande, 2009 Courtesy of the artist & Galerie Crèvecoeur, Paris

Invité en résidence au Domaine de Chamarande, l’artiste écossais Mick Peter conçoit deux sculptures destinées à venir orner la place des Trophées d’Ejur, la capitale du Ponkélé tout droit sortie de l’imagination débridée de Raymond Roussel, qui plante le décor de son roman Impressions d’Afrique. Comme un Docteur Faustroll navigant de « paris à paris par la mer » avec ses ouvrages de référence, Mick Peter puise dans le principe littéraire d’intertextualité les possibilités d’une narrativité implicite de l’œuvre, reposant sur un télescopage de références et sur leur altération progressive dans le bain joyeux – et très sérieux – de l’absurde et du non-sens. En l’honneur de Talou VII, empereur du Ponkélé, il réalise ainsi un duo de sculptures hybrides, mi-homme mi-objet, deux imposantes boîtes d’allumettes pourvues de jambes et de bras, dont les poses archétypales du penseur et du corps lascif rappellent autant l’histoire de la statuaire que les attitudes des visiteurs du parc de Chamarande, pris entre contemplation et coup de soleil. Cet anthropomorphisme de l’objet évoque moins le Parti pris des choses de Ponge que l’univers de Lewis Caroll et l’humour noir et surréaliste de Roland Topor, qui, avec son émission Téléchat, n’a cessé de doter les objets du quotidien d’une conscience et d’une apparence humaine. Avec leur esthétique rugueuse et « fait main », les œuvres de Mick Peter déroutent le spectateur tant elles tranchent avec les codes dominants de la sculpture contemporaine pour annoncer le vent frais d’une pratique érudite, décomplexée et bourrée de second degré.


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