Beg, Borrow and Steal à la Rubell Family Collection

par CS

Beg, Borrow and Steal à la Rubell Family Collection, Miami

Kelley Walker Bose Companion 2 Series II, 2008

Kelley Walker Bose Companion 2 Series II, 2008

Alors que l’exposition Sturtevant ouvre ses portes au Musée d’art Moderne de la Ville de Paris, la Rubell Family Collection présente à Miami, depuis le 4 décembre 2009, son exposition annuelle mettant en avant les nouvelles acquisitions mêlées à des œuvres plus anciennes autours de l’idée d’appropriation, de copie et de reprise dans le champ de l’art des années 60 à nos jours. Ce concept d’exposition aurait émergé selon le couple de collectionneurs suite à une discussion avec les artistes américains Kelley Walker et Wade Guyton qui pointèrent l’importance pour eux d’artistes comme Cady Noland ou encore Richard Prince dont le travail autorisa aux générations qui suivirent une grande liberté. L’exposition Beg, borrow and steal doit son titre à une célèbre citation de Picasso : « Les bons artistes empruntent, les grands artistes volent. » Ainsi parmi la soixantaine d’artistes réunis, et plus de 200 œuvres, tous empruntent, volent ouvertement et sans complexe leurs illustres aînés ou leurs contemporains avec humour, décalage ou parodie Bert Robert par exemple offre une nouvelle version, moins mystique, du néon de Bruce Nauman : The True Artist Makes Useless Shit for Rich People to Buy. Située au rez-de-chaussée cette œuvre est entourée d’autres installations plus

John Baldessari Stake: Art is Food for Thought and Food Costs Money, 1985

John Baldessari Stake: Art is Food for Thought and Food Costs Money, 1985

Louise Lawler Arranged by Mera and Donald Rubell, New York City, 1982

Louise Lawler Arranged by Mera and Donald Rubell, New York City, 1982

spectaculaires comme Crash…Boom…Bang!, 2008, de Elmgreen et Dragset simulant une chute vertigineuse de caisses d’œuvres d’art renfermant entre autre un Damien Hirst et un Jeff Koons. Bien que l’influence, l’inspiration ou la citation ne soient pas des phénomènes nouveaux dans l’histoire de l’art il semblerait que les artistes aujourd’hui, affranchis de ce tabou de la copie conforme, peuvent très bien rejouer entièrement la partition d’un autre artiste comme on jouerait un opéra sans modifier une note ou en donner une interprétation très personnelle. On sait depuis au moins deux décennies que Jeff Koons a su avec talent recycler l’imagerie de la publicité aux produits de consommation, des personnages de bandes dessinées aux jouets et autres objets kitsch. Présent dans l’exposition à travers un ensemble d’œuvres historiques, on retrouve également Koons dans les œuvres de Louise Lawler, Marc Leckey, Elmgreen et Dragset ou encore chez Peter Coffin avec sa Sculpture Silhouette, J.Koons Balloon Dog, 1994-2000, 2009. Ainsi Koons est devenu au même titre que les objets qu’il utilise un signe immédiatement identifiable dans le paysage culturel. Les artistes pop sont également à la fois présent dans l’exposition et largement imités ou copié par des artistes chinois notamment comme Wang Ziwei ou encore Li Zhanyang. Ai Wei Wei pour sa part mélange également dans son œuvre des références duchampiennes ainsi que celles de la sculpture minimaliste. Son œuvre Ton of tea composée d’un mètre cube de thé noir compressé évoque indéniablement une sculpture minimale de Tony Smith. D’autres œuvres sont mis en situation de dialogue, parfois très littéral, comme l’installation de Cady Noland et le Final curtain de John Doog, installées côte à côte et qui utilisent dans les deux cas des canettes de bière nettoyées et vidées. En 1982 Louise Lawler prenait une photo de l’appartement et des œuvres de Mera et Donald Rubell. Aujourd’hui présentée, dans la même salle que les sculptures et dessins visibles dans cette photo, cette œuvre devient dans ce contexte une sorte de document de travail, un élément supplémentaire à cette mise en abyme de l’exposition, de l’œuvre d’art et de la place de l’auteur.

Claire Staebler


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