Charlie et Sabrina, qui l’eût cru ?
Audrey Cottin, Jeu de Paume, du 18 octobre au 5 février
20:54
one voice = one voice
No micro, just voice, just voices !
Où aucun outil n’est utilisé.
[ɪts twɛnti wən awər] (horloge parlante)
Mon ordinateur s’actualise en permanence, courant de fond qui s’incarne une fois par heure sous la forme d’une voix synthétisée, à l’instar des forces tectoniques créant le relief d’une montagne.
21:08
ustream.tv est la première plateforme de diffusion interactive de mobile live (vidéos téléphoniques). (21:57) Elle diffuse notamment les actualités d’un collectif nommé « The Other 99 » composé d’individus ayant en commun d’être les 99 % qui ne tolèrent plus l’avidité et la corruption des 1 % restant. (21:06) Contraction des mots space et time inventée par Bruce Sterling, un Spime désigne un objet funésien[1] pouvant être tracé, à travers le temps et l’espace, sur toute sa durée de vie. Sur ustream, ce sont des évènements, et leurs acteurs, qui sont tracés.
21:09
En octobre, un open forum est tenu par le groupe « Occupy Wall Street » à NYC. Slavoj Zizek y fait une lecture / discours dont le groupe, l’île, répète en chœur chaque phrase. Après quelques minutes, une question est posée par un membre du public, répétée par tous, à laquelle la réponse subit la même opération.
Where No Tool (Ivan Illich[2]) Is Used
21:21
Un groupe d’activistes regroupés sous le nom d’Anonymous est une sous-culture d’internautes avançant masqués sur le net et dans la rue.
No blogger-in-chief.
21:27
Le Brain Repair Centre a organisé en 2011 un « speed networking for researchers », inspiré de la Cornell University où les étudiants avaient adapté la technique du speed-dating à la présentation de leur sujet de recherches à leurs camarades.
21:40
En août, le collectif Anonymous encourage ses membres à participer à une manifestation proposée par « Occupy Wall Street ».
Le temps d’interprétation est crucial et définit la qualité de la répétition (donc paramétrage).
22:20
Charlie et Sabrina, qui l’eût cru? est le dernier volet d’une session de quatre expositions initiée par le curateur Raimundas Malasauskas. Il s’agit d’une exposition personnelle de groupe, exposition d’Audrey Cottin en indivision de propriété avec huit collaborateurs (Steven et Gina Baelen, Mariana Castillo Deball, Femmy Otten, Kelly Schacht, Matt Sheridan, Sober & Lonely).
22:37
L’exposition du Jeu de Paume, le « noeud », se présente sous la forme d’un ensemble d’éléments activés par des performances, et un catalogue, « la chaîne », comportant des photographies de l’artiste soulevant l’œuvre d’autres artistes. Au sein de l’espace, la première plateforme constitue comme une « chambre grammaticale » contenant le vocabulaire à la base de sa pratique : une corde emmêlée, des tuyaux reliés par des nœuds, en référence à la topologie lacanienne, un projet de télépathie quotidienne initié par Sober & Lonely, un numéro de téléphone pour obtenir un scenario, un amoncèlement de feuilles de papier sur lesquelles un dessin à emporter est subdivisé en plusieurs milliers de parties. Le principe de collaboration, fût-elle sujétion, échange ou don (l’un mais l’autre, l’un ou l’autre, l’un et l’autre, l’un donc l’autre, l’un or l’autre, ni l’un ni l’autre, l’un car l’autre[3]), s’illustre par son Clapping group, où un conducteur donne le rythme à une foule de personnes claquant dans leurs mains. La collectivité créée par Audrey Cottin se situe dans la redéfinition des intéractions entre dominant et dominé initiée notamment par Michel de Certeau grâce au terme de braconnage. (21:37) « Ce n’est plus la ligne séquentielle reliant chercheurs, développeurs, designers, producteurs, distributeurs, consommateurs », note Bernard Stiegler.
23:20
Pluralité des invitations, antonymie de la cohésion et de la cohérence, éclatement des réponses en différents lieux (Jeu de Paume, Jardin des Tuileries, réseaux téléphoniques, esprits), réseau médiatique et exposition live comme éradications de la forme de la distance : ce projet prolonge certaines réflexions développées par Malasauskas, au sein de son projet Repetition Island (Centre Pompidou, 2010) exposition / spam dans un premier temps sous forme d’emails colorés proposant différentes versions écrites d’un personnage nommé Mardi, suivi notamment par l’Hypnotic Show, exposition dirigée par Marcos Lutyens uniquement visitée sous hypnose.
Chaîne grammaticale : courant / stream, collectif, chœur, répétition, absence d’outil, outil, téléphonie mobile, travail en réseau, anonymat.
[1] Il s’agit ici d’une traduction du terme anglais « funeous » inventé par C. S. Smith en référence au héros borgésien et à la capacité de la matière à conserver les traces, empreintes, de tout évènement passé.
[2] Ivan Illitch réfléchit à la notion d’outil dans son ouvrage intituléTools for conviviality, Seuil, 1973.
[3] Développé au sein de l’exposition intitulée Mais où est donc Ornicar ? faite avec le neveu du commissaire d’exposition Sébastien Macel, Espace Blank, Paris, 2009.
Exposition d’Etienne Chambaud mais de Sébastien Macel, d’Etienne Chambaud ou de Sébastien Macel…
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- Du même auteur : L'artiste "Muséaste",
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