Tokyo Academy 2

par Aude Launay

Tokyo Academy 2
Par Aude Launay

Pour la deuxième édition de son université d’été couplée à une exposition hors-les-murs, le Palais de Tokyo s’est établi à Fontainebleau, oops, au Palais de Fontainebleau, par un beau week-end de septembre. Nous y allions bien évidemment pour admirer à nouveau la maîtrise qu’a Marc-Olivier Wahler de l’art de dynamiter nos dorures patrimoniales en les faisant temporairement cohabiter avec quelques-unes des œuvres contemporaines les plus  vertigineuses, ainsi qu’il l’avait déjà prouvé l’an passé à Vassivière, mais aussi pour papoter de l’association patrimoine et art contemporain, dresser un premier bilan des expositions vues en 2008, et surtout s’exciter à conjecturer sur 2009.

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Si le bilan des grandes expositions de l’année vues en France fut assez pâle et somme toute relativement attendu (succès toujours pour le CAPC, avec son invitation à envahir les nefs et la ville entière à Présence Panchounette et rétrospective au MAC VAL de notre Closky national, ratage évoqué de certaines grosses expositions institutionnelles plombées par trop de normes sécuritaires bafouant parfois jusqu’au sens de l’œuvre), il fut déjà un peu plus stimulant quant à l’étranger (on se remémora la démesure et la virtuosité technique de Roberto Cuoghi au Castello di Rivoli de Turin, on découvrit force détails sur le marathon Obrist à Reykjavik, on ne se lamenta pas trop sur l’ennui que les grandes expositions documentaires peuvent faire naître au cœur d’événements comme cette année Manifesta et l’an passé Documenta – et pour cause, l’un des intervenants était commissaire associé à Manifesta 08, venu nous présenter bien platement le projet de cette biennale site-specific). Et pourtant, « c’est très rare qu’on se marre » a souligné Stéphanie Moisdon, résumant ainsi de manière presque triviale ce que l’on a généralement, dans la critique, tendance à passer sous silence. La critique, qui pour une fois, n’en prit pas trop pour son grade mais se vit au contraire réduite à un constat désabusé, toujours par Stéphanie Moisdon: « la critique ne sert plus à rien ni à personne, elle est donc maintenant absolument libre ». Ce qui ramena sur le devant de la scène l’inextinguible débat entre contempteurs et partisans de l’existence d’un public, parfaitement incarnés par Moisdon et Emmanuelle Lequeux, cette dernière prônant la nécessité d’une pédagogie massive quand la première s’attachait à dénigrer cet appareil pédagogique « qui considère parfois le visiteur comme un handicapé, à hauteur d’un enfant de 5 ans ». Quant à 2009 qui ne verra sans doute pas se clore la discussion, on en annonça les grandes lignes, qui confirment les deux tendances historique et métaphysique déjà bien présentes ces dernières années, par les expositions de Jean-Hubert Martin au Grand Palais, Yann Chateigné au CAPC et Giacinto di Pietrantonio à la GAMEC de Bergame ainsi que Marc-Olivier Wahler au Palais, Palais qui devrait, selon les dires de son directeur mégawatté, se voir transformé en micro-onde, accueillant une thématique sur l’électro-magnétisme pour les expositions de Roman Signer et Micol Assaël, notamment. Totalement happé par cette émulation futuristique, Bernard Blistène nous dévoila même ses projets pour 2010: une exposition itinérante consacrée à un certain renouveau des « tableaux-vivants » avec une invitation faite à moult performers, dans la droite lignée de son festival Beaubourg prévu en 2009. Le futur commence aujourd’hui.

Château  de Tokyo / Palais de Fontainebleau, château de Fontainebleau, jusqu’au 17 novembre 2008.

Bénédicte Ramade,

Bénédicte Ramade, Mario Airo, Giacinto di Pietrantonio, Anna Mattirolo, le traducteur et Marc-Olivier Wahler


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