r e v i e w s

Les origines de la postmodernité aux Prairies ordinaires

par Patrice Joly

 

Dans cet ouvrage à la pagination modeste, Perry Anderson, historien, universitaire et figure du marxisme anglais, analyse les conditions d’apparition du mouvement, de la théorie ou encore du paradigme (là se situe justement tout l’intérêt de la discussion) postmoderne. En disséquant les principales contributions qu’il fait remonter à Olson et à d’autres auteurs injustement oubliés de la la lignée des précurseurs du postmodernisme, il tente de reconstituer le puzzle d’une théorie qui n’en finit pas de s’installer. Certaines figures sont réévaluées, comme celles de Lyotard et d’Habbermas dont la zone d’application fragmentaire du « message  » postmoderne (esthétique pour Lyotard, politique pour Habbermas) n’a fait au final que promouvoir le modèle synthétique de Jameson, pour le coup promoteur d’une vision élargie à tous les champs de l’activité humaine. Cet ouvrage a le mérite de rappeler les diverses prises de position sur une théorie controversée et surtout de l’articuler avec un capitalisme tardif reprenant en cela un des principaux motifs Jamesonien. Il établit par ailleurs une discussion féconde entre un postmodernisme qui s’érige sur les cendres d’un modernisme qui n’en finit plus de s’étioler – avec les utopies et les espoirs dont il était porteur – tout en représentant une espèce d’updating de ce dernier, pour reprendre un mot qui correspond tellement mieux à la logique d’extension et d’application universelle de la postmodernité.


Perry Anderson, Les origines de la postmodernité.

Éd. Les Prairies ordinaires. 192 pages, 18 euros.

Traduit de l’anglais par Natacha Filippi et Nicolas Vieillecazes


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