Gagarin au SMAK

par Antoine Marchand

 

Gagarin – the artists in their own words

Gagarin fut à sa création en 2000 la première revue à donner la parole exclusivement aux artistes. Inspirés par une citation de John Baldessari – « Talking about art simply is not art. Talk can be art, but then it’s not talking about art. »[1] – ses responsables publient depuis deux numéros par an, chacun d’entre eux réunissant huit textes inédits écrits par autant d’artistes[2]. Aucun thème n’est imposé, seule importe la cohérence entre les personnes invitées à écrire dans chaque numéro. Par ailleurs, en réaction à la commercialisation de revues d’art reprenant tous les codes des magazines de mode – papier chic, couleurs brillantes, publicités – le choix a été fait dès le premier numéro de la revue de n’inclure ni publicités, ni visuels. L’essentiel est donc ici dans les contributions publiées. À la croisée des chemins entre actualité, recherche et histoire de l’art, Gagarin « is aimed at those who do not tend to wait until everything is accepted and synthesised and those who are prepared to leave the road to search for stimulating art and ideas while they are still fresh. »[3]

Vue de l’exposition Gagarin, The Artists in their Own Words Photo de Dirk Pauwels

Vue de l’exposition Gagarin, The Artists in their Own Words Photo de Dirk Pauwels

Au moment de l’entrée des différents exemplaires de la revue dans la collection permanente du SMAK, le Musée d’art contemporain gantois organise une grande exposition où sont présentés tous les numéros de la revue. On connaît la difficulté inhérente à ce type d’exercice. Si les revues ou magazines sont sous vitrine, la frustration est grande de ne pouvoir les manipuler. À l’inverse, laissés à la disposition des visiteurs, leur durée de vie excède rarement une semaine… Ici, le choix a été fait de dérouler l’ensemble des numéros sur les murs du Musée. Cette présentation, à la limite de l’austérité, a toutefois le mérite de mettre tous les textes publiés à disposition des visiteurs. Des œuvres de certains des artistes sont par ailleurs exposées. Cette mise en perspective donne un éclairage nouveau aux écrits publiés. Pour le moins didactique, cette exposition permet surtout de saluer le travail unique réalisé par les fondateurs de la revue depuis dix ans. Gagarin est en effet un véritable « who’s who » de l’art de ces dernières années, d’Anri Sala à Liam Gillick en passant par Roman Ondák, Vito Acconci ou Ed Ruscha, espace de liberté incroyable qui permet d’aborder la pratique de ces artistes sous un autre angle, celui de l’écrit.

GAGARIN The Artists in their Own Words, 04.12.2009 /14.03.2010


[1] Cette citation est tirée d’une interview intégralement parue dans Journal of Contemporary Art, volume 2 #2, 1989.

[2] Chaque contribution est publiée dans sa langue d’origine et dans une traduction anglaise.

[3] Cette citation provient du texte publié au début de chaque numéro de la revue.

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