Mains d’Œuvres – Pour un avenir radieux !

par Sandra Doublet

Entretien avec Juliette Bompoint

Lieu pluridisciplinaire de création et de diffusion, de recherche et d’expérience, Mains d’Œuvres est en quelque sorte une « factory à la française ». Situé dans un bâtiment de 4000m2 dans le quartier des Puces de Saint-Ouen depuis 1998, il est destiné à accueillir des artistes émergents de toutes les disciplines (arts numériques, arts visuels, spectacle vivant, musique, art et société) ainsi que des démarches associatives et citoyennes. Grâce à son implication dans les réseaux et sur le territoire, Mains d’Œuvres est aussi un carrefour où se croisent tous types d’artistes et de publics. Entretien avec Juliette Bompoint, directrice, sur la situation actuelle du lieu.

Sandra Doublet : Pouvez-vous nous expliquer l’importance et la spécificité de Mains d’Œuvres dans le paysage culturel actuel ?

Juliette Bompoint : Mains d’Œuvres est l’une des premières friches artistiques d’Europe, créée par Fazette Bordage, aussi fondatrice du Confort Moderne à Poitiers, et Christophe Pasquet, actuel directeur de Point Ephémère à Paris. C’est un lieu pour l’imagination artistique et citoyenne, un lieu d’expérimentation sociétale, un vivier d’artistes émergents, un espace d’accueil et de convivialité pour les passionnés d’arts et pour les autres. C’est un lieu pluridisciplinaire, transgénérationnel, qui s’adresse à la fois aux professionnels et aux amateurs. C’est un lieu d’accompagnement, de débats citoyens, avec un jardin partagé, des formations professionnelles, une nouvelle école de musique (la MOMO) mais aussi une programmation artistique pointue. Cette diversité, son ancrage très local et son rayonnement national, voire international, lui confèrent toute sa valeur.

Sandra Doublet : La municipalité en place ne souhaite pas renouveler le bail de Mains d’Œuvres, qui prendra fin le 31 décembre 2017, après près de vingt ans d’actions menées sur le territoire. Quel est votre positionnement face à cela ?

Gala d’art contemporain de Mains d’Œuvres, « Petrus Picnic », janvier 2016/ Photo : Manon Giacone

Juliette Bompoint : Nous souhaitons clairement renouveler le bail début 2018 et continuer de proposer toutes ces activités à Saint-Ouen. Nous avons proposé à la Mairie d’accueillir une partie du Conservatoire dans nos locaux, puisqu’elle dit souhaiter récupérer le bâtiment afin de développer celui-ci. Nous avons aussi proposé de racheter les locaux. Nous avons demandé de nombreux rendez-vous avec Monsieur le Maire, pour trouver des solutions ensemble, dans l’intérêt de tous. Toutes nos tentatives de dialogues ont été rejetées. Nous développons donc des projets artistiques et citoyens, à Saint-Ouen et dans le 93, et sommes déterminés à continuer sur notre lancée ! Nous sommes soutenus, alertes, et mobilisés.

Sandra Doublet : Quelles actions mettez-vous en œuvre dans le cadre de cette mobilisation ? Comment peut-on vous aider ?

Juliette Bompoint : Nous avons lancé la pétition « Un nouveau bail pour Mains d’Œuvres » sur Change.org début septembre. En quinze jours nous avons atteint plus de 10 000 signatures. On est très content, c’est un très bon début et un soutien énorme. La mobilisation est avant tout citoyenne. Mains d’Œuvres appartient à tout le monde !

Une autre action est en cours : « 100 jours, 100 artistes, 100 gestes d’amour », du 22 septembre au 31 décembre 2017. C’est un compte à rebours poétique et frénétique, sur une idée originale d’Olivier Comte des Souffleurs-Commandos poétiques, longtemps en résidence à Mains d’Œuvres. Le principe est simple : chaque jour s’accompagne d’un geste de la part d’artistes, qu’ils soient d’anciens résidents, qu’ils créent toujours dans nos murs ou qu’ils soient de simples amoureux du lieu… 100 gestes sous forme de photographies, de cris, chants, installations, concerts, performances, danses — avec pour dénominateur commun d’exprimer leur amour pour Mains d’Œuvres. Vous pouvez donc nous aider en signant la pétition, en adhérant à l’association, en nous envoyant vos gestes d’amour, en faisant vivre le lieu avec joie et bonne humeur !

Sandra Doublet : Le présent est semé d’embûches mais semble empli d’art et d’entrain, ce qui est très positif. Comment voyez-vous l’avenir ?

Juliette Bompoint : L’avenir sera radieux ! En tout cas nous faisons tout pour. Notre ambition est de continuer à faire ensemble ce que nous faisons déjà depuis vingt ans, à Saint-Ouen et sur le territoire de la Seine-Saint-Denis. Nous créons en ce moment même une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), la bien nommée La Main 93.0, pour la création et la réunion de lieux ouverts et collaboratifs sur tout le 93. Cette entité sera évolutive, coopérative, faite de cellules actives et battantes, de satellites qui graviteront sur le territoire, dedans et dehors. En 2043 on y sera encore, on inventera de nouveaux lieux de culture participatifs et on contribuera à réhabiliter le patrimoine industriel en s’asseyant sur l’inflation immobilière pour que ces artistes et citoyens puissent encore avoir accès à des espaces de créativité, pour que tous les publics puissent découvrir ces curiosités et tisser librement les liens qui les animent. L’avenir appartient à ceux qui y croient, non ? Nous on y croit.

Sól, création du collectif Iduun à Mains d’Oeuvres, du 14 au 16 septembre 2016. Photo : Vinciane Verguethen/voyez-vous

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Devenir adhérent, à prix libre : http://bit.ly/2jjnDWB

Ecrivez à mobilisation@mainsdoeuvres.org

(Image en une : Façade Mains d’Œuvres, photo : Vinciane Verguethen)

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